Dupe ou contrefaçon ? Une distinction essentielle
En droit français, les fragrances ne sont pas protégées par le droit d’auteur, ouvrant ainsi une opportunité pour les fabricants de dupes. Les grandes marques de parfums ne peuvent pas s’opposer à la commercialisation de ces produits, à condition qu’ils ne violent pas le droit des marques. Il n’existe que de rares exceptions, ainsi pour que l’odeur soit protégée par le droit des marques, il faut qu’elle réponde aux critères de protection des marques selon l’article L 711-1 du Code de la Propriété Intellectuelle. L’article dispose que la marque est un signe susceptible de représentation graphique servant à distinguer les produits ou les services de l’entreprise.
Le dupe
Il s’agit d’une imitation légale d’un parfum de marque, reproduisant une similarité olfactive sans revendiquer ni l’identité ni l’image du produit original. Il est commercialisé à un prix abordable, souvent sans emballage luxueux ni campagne publicitaire.
La contrefaçon
C’est une reproduction illégale du parfum original, incluant souvent l’usage abusif du nom, du packaging, voire du logo de la marque authentique. Son objectif est de tromper le consommateur en imitant à l’identique le produit d’origine. La contrefaçon est strictement interdite et lourdement sanctionnée en vertu des lois sur la propriété intellectuelle.
Le véritable prix de revient d’un parfum de luxe
Le prix de vente d’un parfum de marque n’est que partiellement lié à sa composition olfactive. Il intègre une série de coûts annexes, souvent bien supérieurs à ceux des matières premières. Voici la décomposition typique du prix d’un parfum :
1. Matières premières (5 à 15 % du prix final)
- Huiles essentielles et extraits naturels : Jasmin, rose, iris, oud ou tubéreuse… certains ingrédients rares sont extrêmement coûteux.
- Produits de synthèse
- Alcool et eau : Utilisés comme solvants et supports de diffusion.
2. Flacon et packaging (15 à 35 %)
- Design et matériaux : Le flacon est un objet de luxe en soi, souvent en verre épais ou en cristal.
- Emballage extérieur : Boîtes décorées, étuis, rubans, etc.
3. Production et remplissage (5 à 10 %)
- Fabrication : Mélange, filtration, stabilisation des formules.
- Conditionnement : Mise en flacon, étiquetage, contrôle qualité.
4. Marketing et publicité (25 à 40 %)
- Campagnes internationales : Télévision, presse, réseaux sociaux.
- Ambassadeurs de marque : Célébrités, mannequins, influenceurs.
- Événements promotionnels : Lancements, soirées, vitrines.
5. Distribution et vente (20 à 30 %)
- Marges des revendeurs : Parfumeries, grands magasins, boutiques en ligne.
- Logistique : Transport, entrepôts, gestion des stocks.
6. Recherche et développement (1 à 5 %)
- Création olfactive : Travail des nez, formulation, tests sensoriels.
- Conformité et sécurité : Normes européennes, tests dermatologiques.
Certains coûts sont fixes, qu’ils soient mis en oeuvre par la grande marque originale ou par le fabricant de dupe.
Certains coûts sont nuls chez le fabricant de dupes (marketing, publicité, marge des revendeurs)
Les autres coûts sont tous divisés par 4 ou 5 en moyenne (flacon, packaging et matières premières). Les matières premières sont limitées aux moins couteuses, celles qui donnent la première impression olfactive, au détriment des produits naturels nobles
Conclusion
Loin d’être dicté par les seuls coûts de fabrication, le prix d’un parfum reflète une stratégie de marque, un positionnement marketing, et une chaîne de valeur complexe. Face à cela, les dupes proposent une alternative économique, souvent perçue comme plus accessible, sans nécessairement tomber dans l’illégalité. En revanche, la contrefaçon, elle, reste un délit grave, nuisible tant aux marques qu’aux consommateurs qui font l’acquisition d’un parfum approximatif, parfois allergénique. Le résultat est trompeur : une première impression souvent proche, mais une tenue volatile, un sillage plat, et in fine une expérience qui trahit les promesses d’imitation. Le consommateur, pensant acquérir une fragrance ressemblante à moindre coût, se retrouve floué – ni l’identité olfactive et symbolique, ni la promesse d’identité sociale convoitée dans le parfum original ne sont au rendez-vous.



